Et «Rako» passa à l'orange..
N3M/CEP Lorient - Nantes. Et «Rako» passa à
l'orange...
8 octobre
2010
Prédestiné à
une belle carrière de footballeur, puis condamné, une fois basketteur, à jouer
avec des filles jusqu'à ses 15 ans, l'arrière lorientais Eric Rakotondrasolo
n'a pas eu le même cursus que ses coéquipiers. Pour lui, le basket-ball n'était
qu'une affaire de filles. Et le football, une joute masculine que l'on
pratiquait comme une religion sur les terrains de La Vraie-Croix, petite
bourgade gorgée de charmes et de fleurs. Loin d'une balle orange que l'on ne
conjuguait jadis qu'au féminin, «Rako» se piqua ainsi dès l'âge de huit ans aux
joies du cuir bicolore... jusqu'à une après-midi devant la télé, où il tomba
«sur un grand noir qui sautait plus haut que tout le monde, tout en tirant la
langue.»
Chemins de traverse
Un Chicago - San Antonio de la grande époque, avec sa Majesté Jordan, qui l'a
finalement convaincu de passer à l'orange... malgré un surprenant écueil.
«Etant donné qu'à la Vraie-Croix, il n'y avait pas d'équipe masculine, j'ai dû
jouer deux ans dans une équipe de filles, où j'étais le seul garçon. Et
surtout, j'étais particulièrement mauvais!» Bruno Guéguen, son coach de
l'époque, se souvient. «Quand il est parti du foot, ça avait pas mal bardé, car
il était vraiment doué pour ce sport. Mais il avait choisi le basket, et au
début, c'est clair qu'il n'était pas aussi bon qu'avec des crampons. Et puis,
il était tout petit: les filles étaient plus grandes que lui!» Mais parce qu'il
voulut copier la carrière de son père, cet arrière dynamique se forgera
rapidement de nouvelles convictions. «En fait, dès sa deuxième année, on a vu
qu'il avait un truc de spécial. Et puis il a explosé en un rien de temps.»
Précision(s) de l'intéressé. «Je n'ai jamais rien lâché dans la vie. J'étais
nul au basket, mais je joue aujourd'hui en N3. J'étais nul à l'école, mais j'ai
finalement décroché un Bac+4. Je ne supporte pas perdre.»
Bientôt en sélection nationale?
Cintré dans un costume couleur grisaille barré d'une belle cravate violine, ce
conseiller commercial qui attend pour Noël le plus beau des cadeaux - «un bébé,
qui sera mi-breton mi-malgache» - sera demain sur le parquet de Brisset, avant
de fouler bientôt d'autres lattes improbables. «J'ai une chance d'être
sélectionné dans l'équipe de Madagascar, pour le tournoi des îles, aux
Seychelles, l'an prochain. C'est vraiment cool!» Mais pas le temps de
s'épancher davantage sur son drôle de parcours: demain, il y a un match à
jouer. «Un match à gagner, plutôt», dira celui qui se verrait bien un jour dans
l'équipe dirigeante du patronage. Sûr qu'il y fera un malheur.
Eric Rakotondrasolo ou l'histoire d'un basketteur qui aurait dû être footballeur... Photo Jean René
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